Un Artiste de la Faim N° 2
de Franz Kafka
Traduction de l'allemand par Bernard Lortholary
Jeu
Nicolas Bonstein musicien sur scène
Catherine Prince
Charlotte Reymondin
Daphne Roulin
Mise en scène et espace Denise Carla Haas
Lumière Christophe Kehrli
Musique Nicolas Bonstein
Images, presse, administration Corinne Martin
Production Le Théâtre L.
Du 08.09.2005 au 10.09.2005, Théâtre Le Galpon, Genève
Subventions
Etat de Vaud
Fondation Leenards
La Loterie Romande Genève
Presse
Tribune de Genève, 10.09.2005
Un Artiste de la Faim qui n’a pas peur de l’indigestion
Etrange objet squelettique que nous propose Le Théâtre L. au Galpon
Kafka, son œuvre en témoigne, collectionnait volontiers les névroses. L’auteur à la frêle silhouette ne pouvait donc qu’être fasciné par l’ascétisme qui, chez lui, renvoyait directement à la religion. Ce dernier aspect n’est pourtant pas retenu dans Un Artiste de la Faim, proposé jusqu’à ce soir, au Galpon par Denise Carla Haas. A la place, époque oblige, on a plutôt droit à une critique de la société du spectacle et de ses excès. L’histoire est celle d’un artiste qui, soumis au diktat d’un producteur vénal, ne connaîtra d’autre révolte que l’abdication de son corps. C’est aussi celle d’un délabrement, et en premier lieu, de celui du dispositif scénique.
Ils sont quatre, à aller et venir, comme des mannequins abrutis de lumière. Manière d’annoncer Kafka en passant par Lagerfeld. Le texte viendra plus tard, brut de décoffrage, soutenu par un DJ et la chorégraphie livide d’une marionnette.
Là, tout de même l’indigestion veille. Le trop long repas littéraire qui nous est servi s’effectue au détriment de la saveur du texte. C’est donc sans grand appétiti que l’on aborde le dessert. Ayant jeûné 40 jours, l’artiste interpelle les spectateurs, complices sournois de ce régime basses calories. On a malheureusement du mal à se sentir concerné. Moins par le propos que par une mise en scène qui mise trop sur l’empathie et pas assez sur la cruauté.
Lionel Chuich